L'Ordre du Phoenix
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 LIvre 2 - Aristote et Christos

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MessageSujet: LIvre 2 - Aristote et Christos   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:07

Livre 2. Aristote et Christos.



-> La Vita d'Aristote



Livre Ier - Dialogues



Chap. I - La naissance - Où l'on introduit le propos, et où l'on en apprend davantage sur les circonstances de la naissance du prophète.

Chap. II - La révélation - Où Aristote reçoit le Verbe du Créateur.

Chap. III - L'âme - Où Aristote et Epimanos établissent que l'homme doit avoir un esprit, contrairement aux animaux.

Chap. IV - Le devenir de l'âme
- Où Aristote établit que la vie future de l'âme, celle qui viendra
après la mort et la destruction des chairs, se prépare dès aujourd'hui.

Chap. V - L'errance
- Où Aristote relève qu'il n'est pas raisonnable de prier plusieurs
dieux, et qu'en toutes choses, l'unité est préférable à la division.

Chap. VI - Le maître - Où Aristote fait la rencontre de Platon, son professeur, et l'impressionne par sa maîtrise du syllogisme.

Chap. VII - La rupture - Où Aristote rompt avec son maître pour une sombre histoire de copie d'idées.

Chap. VIII - L'unité de Dieu - Où Aristote établit fermement que Dieu est unique, et non multiple.

Chap. IX - La nature des astres
- Où Aristote félicite un de ses disciples pour sa clairvoyance, car il
a relevé, à juste titre, que les astres sont de nature divine en raison
de leur mouvement circulaire.

Chap. X - La morale - Où Aristote en dit davantage sur la distinction entre le bien et le mal.

Chap. XI - Le songe - Où Aristote fait le rêve d'une cité idéale.

Chap. XII - L'ermite - Où Aristote affirme la nature sociable de l'homme.

Chap. XIII - La réception chez Polyphilos - Où Aristote dit qu'il faut savoir s'entourer d'amis véritables.

Chap. XIV - Le jeune philosophe



Livre II - Panégyrique



Panégyrique I - De l'Ame

Panégyrique II - De l'étant en tant qu'étant

Panégyrique III - La copie des idées

Panégyrique IV - L'essence des choses





Livre III - Récit de Collagène de Mégare



Chapitre I.

Chapitre II. La grande bibliothèque d’Angora

Chapitre III. La Tribu d’Habram



Livre IV - Le siège d'Aornos



Chap. I

Chap. II

Chap. III

Chap. IV



Les derniers jours du Prophète





-> La Vita de Christos



- Le prologue


- Chapitre I (L’Enfant naquit à Bethléem, en Judée)

- Chapitre II (la fuite vers Chypre)

- Chapitre III (son enfance à Nazareth )

- Chapitre IV (voyage en Judée, premiers prèches)

- Chapitre V (retraite dans le désert et rencontre avec la créature sans nom)

- Chapitre VI (les premiers diciples)

- Chapitre VII (les douze qui défendirent Christos)

- Chapitre VIII (les 12 apôtres)

- Chapitre IX (Christos répand la bonne nouvelle)

- Chapitre X (arrivée à Jérusalem)

- Chapitre XI (création de l'Eglise avec Titus et les autres apôtres)

- Chapitre XII (le Centurion, la confession et le baptème)

- Chapitre XIII (Natchiatchia, et le mariage)

- Chapitre XIV (le dernier repas et la trahison de Daju)

- Chapitre XV ( la condamnation à la crucifiction )

- Chapitre XVI ( sa mort et son élévation au paradis)

- Epilogue





- Les 21 Logions de Christos.
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MessageSujet: Chapitre 1 - La Naissance   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:09

La Vie d’Aristote



Dure est la tache de celui qui veut plonger son regard dans l’abîme des
siècles passés, et qui cherche par ses mots à faire vivre dans les
cœurs les héros de jadis. S’il en est un dont la vie mérite d’être
conté, n’est ce pas cet Aristote dont les enseignements illuminent
encore notre vie et notre mort ?

Voilà ce que moi, pauvre fidèle, j’entend vous conter aujourd’hui.
Si la simplicité de ce récit vous touche, si la noble figure du Sage
parvient jusqu'à votre cœur, alors mon œuvre aura fait sourire les
puissances des cieux.



Introduction :



Vie d’Aristote le sage, serviteur du Très-Haut, à qui le Verbe
divin a été révélé et qui annonça la venue du salut et de la lumière.


Chapitre premier.




En ce temps là une grande nouvelle se répandit dans la ville de Stagire
: les sages astrologues venaient de repérer une comète inconnue dans le
firmament. Aussitôt l’assemblée de la ville se réunie sur l'agora,
tentant de découvrir le message que les cieux voulaient transmettre aux
hommes. Hélas leur cœur était obscurci par leur foi erronée en de faux
dieux, et ils s’égaraient dans des suggestions impies : pour l’un il
s’agissait de la venue d’Hermès aux pieds ailés. Pour d’autre la foudre
de Zeus allait s’abattre au milieu des hommes, et les temps touchaient
à leur fin.
Seul dans l’assemblée un homme se taisait : son épouse était sur le
point d’enfanter, et l’angoisse qui était la sienne ne lui permettait
pas d’intervenir. Il n’était pourtant pas le moins sage, ni le moins
écouté. La noblesse et la paix se lisait sur son visage, ainsi que les
marques d’un dur labeur et d’une vie sans mollesse.


Les discussions touchant à leur fin sans qu’aucune solution n’émerge, l’homme retourna chez lui en hâte.



Là, allongée sur un lit de cuir, sa femme venait de mettre au monde un
fils. L’homme s’approcha avec respect du nouveau né, le pris entre ses
bras, le leva vers le ciel en disant : « Puissances célestes, je vous
confie mon fils. Donnez lui une vie droite et juste. Que son cœur soit
pur, son intelligence éveillée et sa vertu sans faille. Que votre
sagesse guide ses pas et ses pensées, afin que son existence soit comme
un chêne solide à l’ombre duquel les malheureux viendront se reposer.
». Reposant l’enfant près de sa mère, l’homme s’agenouilla près du lit
et resta un long temps immobile, contemplant silencieusement sa femme
et son fils.
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MessageSujet: chapitre 2 - La révélation   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:10

Chapitre deuxième.



Un jour le jeune Aristote, agé seulement de cinq ans, voulu s'asseoir
près du temple du faux dieu Apollon dans sa ville de Stagire. Le temple
était sur une petite colline à l'extrémité est de la ville. L'enfant
aimait regarder les hautes colonnes de pierre blanche se découpant dans
l'azur du ciel.


Alors qu'il s'approchait des marches du temple il s'arrêta, comme
immobilisé par une force invisible. Ne comprenant pas ce qui ce
passait, il se retourna vers la ville pour appeller sa mère Phaetis,
qui était à quelque distance de là. Mais ses lèvres ne produisirent
aucun son.
La terreur commencait à inonder son âme, quand un roulement de tonnerre
gronda au dessus du temple du faux dieu. Un éclair vint le frapper en
son centre et il s'écroula aux pieds de l'enfant.
Puis une voix puissante qui faisait frémir les cieux retentie dans
l'esprit d'Aristote; elle disait: "Voilà ce que ma puissance réserve
aux idoles
qui se font honorer comme des dieux. Cherche le Dieu unique, cherche la
Vérité et la Beauté, car un jour viendra celui qui restaurera tout".


Bouleversé l'enfant tomba inanimé sur le sol. Lorsque ses yeux se
rouvrirent il était dans la maison de son père, et sa mère était
tendrement penchée sur lui: " Mon fils, que t'est'il arrivé? Nous
t'avons trouvé près du temple écroulé, le visage tourné vers le ciel.
Est-ce le dieu qui t'es apparut? Qui a détruit le temple? "
Mais l'enfant ne répondit rien. Il restait en silence et regardait sa
mère avec les yeux de quelqu'un qui voit pour la première fois.
Enfin il pris la parole: " Mère chérie, je vous en prie, dites moi: qu'est ce que la Vérité? "

La pauvre femme était bonne, mais hélas son âme était encore pleine des
erreurs paiennes, et elle ne sut répondre à cette question. Elle se
pencha sur le front de son fils, l'embrassa et lui ferma les yeux avec
douceur.
"Je t'aime mon fils, n'est ce pas la seule chose importante? Dors
maintenant; demain ton père revient de guerre et il faut que tu sois
reposé pour le recevoir dignement."


Et se levant elle quitta la pièce, l'esprit rempli d'angoisse.
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MessageSujet: Chapitre 3 - L'âme   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:11

Chapitre troisième: dialogue sur l'âme. Première partie:



Depuis quelques mois déja Aristote et sa famille habitaient à Pélas, la
ville capitale de la Macédoine. Nicomaque, son père, venait en effet
d'être nommé médecin personnel du roi de Macédoine, Amyntas II.
Aristote grandissait en sagesse sous la direction éclairé de son
precepteur. Un jour, alors qu'Aristote revenait de la palestre, il
s'assit sur une fontaine de la cour intérieur de la maison paternelle,
et demanda à son precepteur:



Aristote: "Maitre, par quelle merveille l'homme peut-il penser, alors que les animaux ne le peuvent point?".



Son precepteur, Epimanos, lui répondit:



Epimanos: "Qui peut prétendre lire le livre de la nature et en
tirer les secrets des dieux? Aristote je te le dis: nous ne savons pas
si les animaux ne pensent pas. l'homme pense, cela est certain. Mais
les animaux? Sommes nous dans leur esprit?".



Aristote: "N'êtes vous pas d'accord noble maitre, que l'homme est sans cesse en quête de nouveauté?".



Epimanos: "Oui, certes, il est rare de voir l'homme tenir en place, et se contenter de ce qu'il possède et de ce qu'il sait. "



Aristote: "Hélas oui, c'est bien rare, et souvent je me dis qu'il
vaudrait mieux pour l'homme d'être heureux dans la vie simple des
anciens. Toujours est il que cette recherche incessante se retrouve
sans cesse chez l'homme. Mais dis moi Noble Epimanos, cette quête de
l'homme, n'est elle pas la preuve la plus évidente de son esprit et de
son intelligence? "



Epimanos: "Je vois ce que tu veux dire: si l'homme ne cherchait pas
sans cesse, alors cela voudrait dire qu'il se contente de ce qu'il a
reçu, qu'il n'innove pas, qu'il ne pense pas même. En fait seul cette
curiosité de l'homme nous garantie l'existence de son esprit."



Aristote: "Effectivement, c'est ce que je voulais dire. Je vois
bien que je n'ai rien a t'apprendre. Mais continuons un peu. Tu
possèdes un beau chien je crois? Un lévrier?"



Epimanos: " Oui, un cadeau de notre roi pour mon comportement à ses
cotés lors de la dernière guerre contre les envahisseurs celtes. J'y
suis très attaché."



Aristote: "Je te comprend. Quand tu élèves ton chien, comment fait tu?"



Epimanos: "C'est bien simple: je lui impose de faire quelque chose,
et quand il le fait correctement je lui offre une récompense. Et s'il
le fait mal je le puni légèrement."



Aristote: "Parfait! Une fois dressé, il fera toujours bien ce que
tu lui as appris à faire n'est ce pas? Il a compris que s'il ne fait
pas ce que tu lui demande il ne sera pas récompensé."



Epimanos: " En effet. Mais je ne vois pas où tu veux en venir. "



Aristote: " A ceci mon maitre: ce chien si noble et si bien dressé
ne fait ce qu'il fait qu'en vertu de ce que tu lui as appris. Il ne le
fait pas de sa propre initiative et une fois dressé il n'est plus en
mesure de changer. N'êtes vous pas d'accord?"



Epimanos: " Il est vrai que pour le faire changer il faudrait le
dresser à nouveau, et le punir alors qu'on le récompensais jadis. Et le
pauvre deviendrai fou. Ce serait scandaleux."



Aristote: " Oui. Mais n'avons nous pas dit tout à l'heure que
c'était la curiosité de l'homme et sa capacité à inventer de nouvelles
choses qui montraient que l'homme avait un esprit?"



Epimanos: " Nous avons dit cela en effet. Et si je te suis, cela
veut dire que les animaux, comme mon chien, qui ne peuvent pas changer
de comportement par eux mêmes, n'ont pas le même esprit que l'homme. "



Aristote: " Exactement! Il est donc établi qu'il y a une différence entre l'homme et les animaux. Mais laquelle? Le sais-tu? "



Epimanos: " Non, je l'ignore. Veux-tu que nous cherchions ensemble une réponse à cela? "



Aristote: " Avec joie! Mais pas tout de suite, car je vois mon père
revenir de la cour du Roi, et j'ai hâte d'entendre les nouvelles du
palais. Portes toi bien! "



Epimanos: " Et toi aussi brillant disciple! "
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MessageSujet: Chapitre 4 - Le devenir de l'Ame   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:20

Chapitre quatrième: dialogue sur l'âme. Deuxième partie.



Le soir tombait sur le ville de Pélas. On entendait que les murmures
des femmes qui, près des temples paiens, invoquaient les faux dieux
pour la santé du roi. Ce dernier en effet, était mourant. Nicomaque, le
père d'Aristote, était à son chevet pour tenter de retarder, et
d'alléger le poid de l'échéance fatale.
Aristote, agé maintenant de 14 ans, marchait au hasard dans les rues de
la ville, sans voir ni entendre ce qui se passait autour de lui.
Qu'adviendrait il de son père si le roi venait à mourir? Bien sur, il
ne saurait être tenu pour responsable, mais qui sait ce que des
courtisans mal intentionnés pouvaient imaginer, et quelles vengeances
pouvaient s'exercer dans ces moments d'interrêgne?
Il s'arrêtta près du temple de Proserpine. Il ne croyait certes pas à
la puissance de ces dieux, qui ne lui semblait que des pantins morts,
mais il y avait comme une majesté secrête dans cette évocation de la
déesse des morts en un instant pareil.
Il sentit une main se poser sur son épaule. C'était Epimanos.



Epimanos: Tu prie pour le Roi Aristote?



Aristote: Prier? Qui devrais-je prier? Et que dois-je demander?



Epimanos: Que veut tu demander? Qu'il vive bien sur! Et si tu ne crois
pas en cette déesse tu crois bien en une force supérieure qui régie
notre vie?



Aristote: Qu'il vive? Il va mourrir, tu le sais aussi bien que moi.
Nos prières ne peuvent pas lui rendre la jeunesse ni la santé. Il a
vécu longtemps, et il est temps pour lui de partir. Non, si je prierai,
ce n'est pas pour qu'il vive.


Epimanos: Pour quoi donc alors?



Aristote: Qu'y a t'il après la vie Epimanos? Cette âme unique que
l'homme possède et qui nous différencie des animaux, survie t'elle à
cette vie?


Epimanos: Je ne sais Aristote. Ma science porte sur la vie et non sur
la mort. Je peux te dire comment bien vivre, comment être heureux et
connaitre les êtres au quotidien, mais pas ce qu'il y a après la mort.



Aristote: Tu peux me dire comment bien vivre? Voyons cela. N'est tu
pas d'accord que pour faire un acte intelligent il faut en prévoir les
conséquences?



Epimanos: Si bien sur, cela évite de faire des erreurs, de mal agir ou de mal juger des situations. C'est important de prévoir.



Aristote: Oui, c'est ce que tu m'as appris depuis mon plus jeune
âge. Mais si tu le veux bien prenons un exemple: imaginons que tu
veuilles te marier. Tu es d'accord que c'est un engagement définitif,
et qu'il te faudra choisir avec soin?



Epimanos: Certes! Nos lois ne prévoient pas le divorce, et je crois
bien que celui qui veut se marier règlera tout ses actes pour que ce
mariage soit heureux, sinon ce serai une véritable folie!


Aristote: Tu penses tout comme moi que ce mariage se prépare avant même
que l'on prenne l'engagement solennel: on cherche à corriger ses
défauts, a se rendre aimable et bon, afin qu'au jour du mariage tout ce
passe pour le mieux.



Epimanos: Si tous suivaient ces conseils il y aurait plus de
mariages heureux, mais je pense en tout cas que c'est ce qu'il faudrait
faire.



Aristote: Je suis content que nous soyons d'accord. Donc pour bien vivre il faut savoir ce qu'il y a après la mort.



Epimanos: Ah!? Là je ne te suis plus. Que veux tu dire?



Aristote: C'est bien simple: tout comme le mariage la mort est un
évènement définitif. Il faut s'y préparer donc soigneusement. Si il y a
une vie après la mort, alors la vie que nous menons avant la mort doit
être consacré à préparer cette vie après la mort. Tout comme notre vie
avant le mariage doit être consacrée à préparer notre vie après le
mariage.


Epimanos: Je vois où tu veux en venir. Pour toi la mort n'est qu'un passage qui mène à une autre vie?



Aristote: Oui, et notre vie présente doit se consacrer à préparer cette ve future.



Epimanos: Mais pourquoi cette vie future serait elle plus importante
que la présente? Et comment peut-tu être sur de son existence?



Aristote: Tu te souviens de notre discussion sur la différence entre les animaux et les hommes?



Epimanos: Oui, je m'en souviens très bien. Tu disais qu'il y avait
une différence entre les deux, que l'homme était intelligent quand la
bête ne cherchait rien de nouveau.



Aristote: Oui. Mais comment l'homme fait il pour chercher du nouveau, pour creer même en lui et autour de lui ce nouveau?



Epimanos: Et bien si je pars de ma propre expérience, je dirais que
j'ai des idées qui me viennent, et qui ne semblent venir de personne
d'autre que de moi même, et que je réflechie sur ces idées.


Aristote: J'en suis arrivé à la même conclusion. Ce qui m'a frappé
c'est que cela ne venait pas de ce qui m'entoure, mais de moi même, de
mon intérieur. Cela semblait...



Epimanos: Immatériel non?



Aristote: Oui, immatériel. Ce n'était pas la conséquence d'une
impression sensible mais d'une impression immatérielle, spirituelle.


Epimanos: Je comprend. Mais quelles conclusions en tirer? Il est évident que ces impressions viennent de notre âme.



Aristote: Oui, mais cela veut dire que notre âme est immatérielle, car
l'immatériel ne peux pas venir du matériel. Personne ne peut donner ce
qu'il n'a pas. N'est tu pas d'accord?



Epimanos: Oui, dit comme cela c'est compréhensible. Mais où veux tu en venir?



Aristote: Mon père est médecin Epimanos, et il m'a souvent décrit
la mort: la matière se putréfie, se désintègre sous l'effet du temps.
Et regarde autour de toi: la mort est toujours marquée par la
destruction de la matière.


Epimanos: Oui, tout passe en ce monde, et ce que les anciens on construit est déja presque disparu.



Aristote: Mais si tu prends quelque chose qui n'est pas composé de matière, cela disparaitra t'il?



Epimanos: Il ne me semble pas: si ce n'est pas composé de matière alors
cela ne peut pas se désintégrer. Cela ne mourra pas. Ainsi la pensée
d'un homme comme Pythagore sera éternelle et vivra encore dans plus de
mille ans.


Aristote: Donc tu penses que ce qui est immatériel ne meurt pas?



Epimanos: Avec tout ce que nous avons dit jusqu'ici, je crois que c'est une chose établie.



Aristote: Alors notre âme, qui est immatérielle, doit elle aussi, ne
pas mourir. Quand nous mourons notre corps disparait, mais notre âme,
elle demeure. Et c'est cette vie de l'âme qui est la vie future. C'est
cette vie que notre vie présente, dans notre corps, doit préparer.


Epimanos: Le roi qui meurt va donc vivre encore?



Aristote: Oui, et c'est pour que cette vie de son âme soit heureuse que je vais prier ce soir.



Epimanos: Nous prierons ensemble alors.



Et sur ces mots les deux amis se séparèrent, Epimanos rentra dans le
temple de Proserpine, pendant qu'Aristote se dirigea vers la sortie de
la ville pour marcher dans la campagne.
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MessageSujet: chapitre 5 - L'errance   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:21

Aristote ayant
atteint l’age de quinze ans, il perdit père et mère, et fut confié à la
tutelle d’un proche parent, Proxène, lequel vivait dans des contrées
reculées, entre Stagire et Athènes. Le jeune orphelin était éduqué au
rude travail de la terre. Cette condition ne le satisfaisait guère,
persuadé que son esprit était plus capable que ses mains. Il faisait
souvent la rencontre d’humbles paysans, avec lesquels Proxène
travaillait. Il admirait certes leur goût pour la vie simple, loin des
fastes somptueux et du luxe qui, il le pressentait, conduisaient
certainement au vice. Mais Aristote s’étonnait cependant de leurs
coutumes.



Un jour, il vit l’un d’eux se livrer à la prière. Aristote se
souvint de son dernier dialogue avec Epimanos, et voulut prendre le
paysan en défaut.




Aristote : "A qui adressez –vous vos prières, brave homme ?"



Le paysan : "Et bien aux dieux, mon jeune ami."



Aristote : "Aux dieux ? Mais qui sont-ils ?"



Le paysan : "Ils sont Aphrodite, Apollon, Arès, Artémis, Athéna,
Déméter, Dionysos, Hadès, Héra, Hermès, Héphaïstos, Poséidon, et le
plus grand de tous, Zeus. Chacun siège à Olympe."



Aristote : "A Olympe, où est-ce ?"



Le paysan : "C’est une cité merveilleuse, perchée en haut d’un mont
que nul n’a jamais vaincu. Vois-tu le mont Athos ? Et bien l’Olympe est
cent ou mille fois plus élevé, un truc du genre."



Aristote : "Mais vous même, n’avez vous jamais tenté de grimper sur
cette montagne ? N’êtes-vous pas curieux de voir de vos yeux ces
divinités que vous priez chaque jour ?"



Le paysan : "Oh non, jeune homme. Je ne suis qu’un humble paysan. Ma place est ici, non sur l’Olympe."



Aristote : "Mais alors, comment pouvez vous croire en la réalité de
ces dieux, si vous n’avez point constaté leur existence de vous même ?"



Le paysan : "Parce qu’on m’a enseigné qu’ils existaient, et qu’il
fallait que je les prie pour que ma récolte soit meilleure, et que mes
vaches deviennent grasses."



Aristote : "Voilà bien une chose étrange, vous ne priez pas par
amour pour le divin mais par appétit terrestre. Je pense pour ma part
qu’il est irrationnel de rechercher le matériel dans le spirituel. Mais
à dire vrai, il n’y a pas que ça que je trouve irrationnel dans ce que
vous me dites."



Le paysan : "Que me reprocheras-tu encore ?"



Aristote : "Et bien, il y a une chose que je ne comprends pas : pourquoi donc prier plusieurs dieux ?"



Le paysan : "Ainsi que je te l’ai dit, c’est ce qu’on m’a enseigné,
qu’ils étaient plusieurs, et c’est ainsi depuis la nuit des temps."



Aristote : "Voilà bien une chose compliquée inutilement. Au lieu de
plusieurs divinités, ne serait-ce pas plus pratique de n’en louer
qu’une seule ?"



Le paysan : "Tu commence à me courir, jeune voyageur. Je t’en pose
des questions, moi ? Je te demande si tu mets des braies ou des frocs ?
Maintenant, laisse moi à mes méditations."



Aristote : "Non, non, je n’en ferai rien. Tu dois d’abord admettre,
brave homme, que prier un seul dieu serait plus logique. Qu’attend t-on
d’un dieu, sinon qu’il soit tout puissant et omniscient, qu’il soit un
? Rendre grâce à plusieurs dieux, c’est comme fragmenter en autant de
parties le pouvoir qu’un seul pourrait réunir en lui. Je crois qu’en
toutes choses, l’unité est préférable à la division."



Le paysan : "Peut être."



Aristote : "Non, certainement. Le divin est un Tout unique et le
divin est la perfection, donc la perfection est unité. L’unité est la
forme idéale des choses.



Le paysan : "Mouais, enfin moi, jeune homme, je suis bien trop
stupide pour entendre ton charabia. Je suis loin d’être lettré. Si je
te donne un conseil, me laisseras-tu en paix ?"



Aristote : "Et bien oui, cela me convient."



Le paysan : "Prends la route d’Athènes, si Proxène te le permet, et
tu y trouveras un professeur qui saura t’écouter. On le nomme Platon."



Aristote : "Merci, brave homme."



Et Proxène d’envoyer Aristote, les dix-huit printemps révolus, à Athènes, trop heureux que ce piètre paysan le quitta.
_________________
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MessageSujet: chapitre 6 - Le maître   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:23

Aristote,
après des jours d’un voyage épuisant, fit enfin son entrée dans la cité
athénienne. Ce qu’il y vit le laissa pantois. La ville était
merveilleuse, et l’architecture d’une pureté superbe. Les colonnades se
déployaient dans une harmonie qui ravissait l’esprit. A chaque coin
d’allée, des marchés grouillant attestaient de la formidable activité
commerciale qui régnait en ces lieux. Les jardins étaient multitudes,
et l’on pouvait y voir de petits groupes de philosophes, qui se
complaisaient aux sophismes entre les plantes luxuriantes, les
fontaines au charme ineffable, et les roches millénaires. Un temple
magnifique, perché sur un plateau, dominait la cité.



Aristote était fort impressionné, mais finit par trouver
l’académie, où l’illustre Platon enseignait. La magnificence du lieu le
consternait, et tel un halluciné il errait dans les immenses couloirs
de marbre de la bâtisse. Ses pas le conduisirent vers une lourde porte,
sur laquelle on pouvait lire l’indication « scolarité second cycle ».
Aristote n’avait jamais rien vu de pareil, et se demandait ce que
pouvait signifier cette mystérieuse formulation, mais il se décida à
entrer, pour y demander son chemin. L’accueil fut fort désagréable. De
vieilles femmes antipathiques lâchèrent à Aristote, du bout des lèvres,
que « le professeur Platon devait donner un cour en troisième année, à
droite au fond du couloir, puis à gauche, puis deux fois à droite, puis
à gauche, puis tout droit, puis en haut de l’escalier B ». Enfin l’une
d’entre elles fit comprendre à Aristote, d’un regard sombre, qu’il
fallait qu’il quitte les lieux aussitôt.



Après moult pérégrinations, et mines méprisantes des disciples
auxquels il demandait son chemin, Aristote parvint enfin dans un grand
amphithéâtre, où il fit une intrusion remarquée du professeur.




Platon : "Quel est ton nom, jeune homme ?"



Aristote : "Aristote."



Platon : "Fort bien. Aristote, sache que je n’accepte personne dans mon cour que je n’ai d’abord testé."



Aristote : "Je suis prêt."



Platon : "Bien. Aristote, si je t’admets en mon enseignement, je
t’apprendrai les rudiments de la logique, et davantage si ton
intelligence le permet. Mais d’abord, tu dois savoir te détacher de ce
que tu considères comme certain. Un bon philosophe ne fait confiance
qu’à sa propre raison, et doit être capable de démonter les
raisonnements pervers des sophistes pour avoir une connaissance
parfaite des choses de ce monde. Ecoute bien ceci : il faut dire
qu’aucun chat n’a huit queues, mais cependant, un chat a une queue de
plus que nul chat. Donc, un chat doit avoir neuf queues."



Aristote écoutait avec attention.



Platon : "Alors, peux-tu me démontrer l'absurdité de ce sophisme ?"



Aristote réfléchit un instant puis énonça la chose suivante...



Aristote : "Et bien continuons le raisonnement. Un chat doit donc
avoir neuf queues, donc un chat a neuf queues de plus que nul chat. Et
comme aucun chat n'a huit queues, un chat doit en avoir dix-sept..."



Platon : "Bien vu"



Aristote : "Si on fait tourner le raisonnement en boucle, il en
vient à se contredire. L'énoncé qui vient en conclusion ne peut donc
qu'être faux."



Platon : "C’est remarquable, jeune homme. Je vois qu’il n’est pas
nécessaire de t’enseigner l’art du syllogisme, il est inné chez toi."



Et Aristote fut heureux d’avoir satisfait son nouveau professeur.
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MessageSujet: chap 7 - la rupture   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:24

Aristote
suivait l’enseignement de Platon avec avidité. Ce que le maître disait,
l’élève l’intégrait comme inaltérable vérité. Les grandes capacités
d’Aristote en avaient fait le disciple préféré de Platon, et lorsque le
maître énonçait un principe, l’élève trouvait toujours le moyen d’en
assurer l’exactitude, par quelques réflexions ou exemples bien trouvés.



Mais un beau jour, le maître et l’élève eurent leur première dissension, alors que Platon affirmait la chose suivante.




Platon : "Ainsi, les idées sont une création abstraite de notre intellect. Elles ont une existence qui leur est propre."



Aristote : "Vous voulez dire, maître, qu’il n’existe pas autant de choses que d’idées ?"



Platon : "Oui, c’est ce que je veux dire, brillant disciple."



Aristote : "Mais par là même, vous prétendez qu’il existe des choses sans qu’une idée y soit associée, et inversement."



Platon : "En effet, l’idée est le produit de la conscience, et la
chose celle du réel. C’est deux objets qu’il convient de distinguer."



Aristote : "Voilà bien une proposition étrange, cher maître, de dissocier ainsi ce qui est indubitablement lié."



Platon : "Que veux-tu dire ?"



Aristote : "Et bien qu’une idée ne peut exister sans la chose à laquelle elle se réfère."



Platon : "Mais que fais-tu de l’abstraction, Aristote ?"



Aristote : "L’abstraction est une illusion, cher maître. L’idée ne
vient à l’esprit que tant qu’il existe la chose. Nous sommes parties
d’un tout, et si un élément devient intelligible, c’est bien parce
qu’il existe."



Platon : "Mais par telle affirmation, tu nies le pouvoir créateur de l’esprit."



Aristote : "L’esprit ne fait qu’observer et constater. Les idées ne
sont que la faculté de l’homme à voir ce qui l’entoure. Elles ne font
que rendre intelligible l’essence des choses. Et par extension, les
choses qui sont intelligibles à l’homme ne sont qu’une copie des idées
qu’il s’en fait. Rien n’existe en dehors de l’intelligibilité."



Dès lors, la rupture fut consommée
entre le maître et le disciple. Aristote, entretenant toutefois un
respect à l’égard de Platon qu’il conserva intact jusqu’à son trépas,
prit la décision de s’affranchir de son professeur, et quitta Athènes.
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MessageSujet: chapitre 8 - L'unité de Dieu   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:25

ristote, qui
se sentait en age de maturité philosophique, et émancipé de la tutelle
de son maître, décida qu’il était temps pour lui de fonder sa propre
école. Il savait qu’Hermias, son ami de longue date et seigneur
d’Atharnée, avait réuni un petit cénacle d’anciens élèves de l’académie
d’Athènes à Axos, sur la côte de la Troade. Aristote décida donc de
diriger cet enseignement, et fonda ainsi sa première école.



L’académie d’Aristote avait grand succès. Des élèves de toute la
Grèce affluaient pour recevoir les lumières du maître. Par un beau jour
de printemps, un disciple prometteur vint trouver Aristote.




Le disciple : "Maître, j’ai bien pensé, jusqu’à n’en point dormir, et
il est toujours une question qui taraude mon esprit juvénile."



Aristote : "Je t’écoute. Dis moi ce qui te tracasse."



Le disciple : "Et bien maître, vous nous enseignez que l’univers
est dynamique, vous nous enseignez que si l’essence est statique, la
forme, elle, est mouvante comme une onde sur la surface de l’eau."



Aristote : "Oui, c’est vrai."



Le disciple : "Mais maître, selon ce principe, à tout acte
correspond une puissance, comme vous le dites vous même, et ainsi donc,
à tout effet correspond une cause."



Aristote : "Certes."



Le disciple : "Alors, maître, si je remonte dans l’ordre des effets
et des causes, je ne devrais aboutir qu’à une seule cause pour tous les
effets. Or, sauf votre respect, il est notoire que les dieux sont
plusieurs. Ainsi, selon votre théorème, le monde ne devrait être que
chaos, car dès l’origine, les causes sont multiples et ne se concertent
pas en volonté. A moins de postuler que tous les dieux ne sont les
effets que d’un seul, puissant par-dessus tout. Pouvez-vous m’éclairer
?"



Aristote : "Mais, cher disciple, la solution se trouve dans
l’énoncé du problème. Raisonne un peu, mon ami. Tiens t-en aux
principes de la dialectique et du syllogisme. Il y a, dans ton exposé,
un élément exogène, et parasitaire, à savoir ce que tu qualifies de
savoir public. Je te l’ai déjà dit, nous sommes des philosophes, et
l’on ne peut atteindre la vérité que par l’action de notre esprit qui
qualifie la substance, non en prenant quelques postulats pour argent
comptant."



Le disciple : "Que voulez-vous dire, maître ?"



Aristote : "Je veux dire que si tu remontes l’ordre des causes et
des effets, tu trouveras la cause finale, l’intelligibilité pure, comme
tu l’as dit. Ainsi, s’il est notoire que les dieux sont plusieurs, ça
n’en est pas moins faux, car telle affirmation ne résiste pas à
l’examen logique de la proposition."



Le disciple : "Euh, pouvez vous être plus clair, maître ?"



Aristote : "Certes, je le peux, par ce syllogisme enfantin : une
cause finale est une intelligence pure, une divinité. Si on remonte
l’ordre des causes et des effets, on ne trouve qu’une seule cause
finale. Donc Dieu est unique."



Le disciple : "Ah bah ça alors !"



Aristote : "Je ne te le fais pas dire, cher disciple. De Dieu il
n’y en a qu’un, ce moteur immobile du monde, cette volonté parfaite qui
est la source de toute substance, de tout mouvement. Dieu est la
finalité cosmique de l’univers."



Et le disciple de s’en retourner à ses pénates, satisfait de la réponse de son maître…
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MessageSujet: Chaputre 9 - La nature des astres   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:26

Par
un jour sans nuage, Aristote avait convié ses disciples à admirer la
voûte céleste. Tous s’émerveillaient de la beauté des astres, brillant
comme des flambeaux sur un ciel d’encre. Le maître montrait à ses
élèves comme les étoiles ont un mouvement caractéristique. Mais
certains commençaient à avoir froid et voulaient rentrer se coucher.




Sargas : "Maître, ne serait-il pas plus profitable pour nous de discuter et d'étudier plutôt que de paresser ainsi dehors ?"



Aristote : "Ainsi donc, tu penses que nous paressons. Ne crois-tu pas
que les sphères célestes soient les choses les plus parfaites qui
existent ?"



Sargas : "Je ne sais pas."



Aristote : "De quelle manière se déplacent les astres, dis-moi ?"



Sargas : "Maître, ils se déplacent en cercles, fixés qu'ils sont sur des sphères cristallines et transparentes."



Aristote : "Bien. Et la Terre, quelle est sa forme ?"



Sargas : "L'observation des étoiles lors d'un voyages ou d'un bateau à l'horizon nous montrent qu'elle est ronde."



Aristote : "Ainsi donc tu écoutes fidèlement mes leçons. La Terre
est sphérique, et le ciel se compose de sphères supportant les astres.
Le cercle et le mouvement circulaire sont partout. Or quel mouvement
est plus parfait que le mouvement circulaire ?"



Sargas : "Aucun maître, car il se suffit à lui-même et traduit la
continuité. Le mouvement circulaire est le mouvement parfait par
excellence."



Aristote : "Or un mouvement parfait ne peut être produit que par
une puissance parfaite. Et la seule puissance parfaite, c'est Dieu !
Chers disciples, l'observation des cieux nous permet de comprendre
comme sont bien agencées les sphères célestes. Et cette perfection
porte la marque de Dieu."



Sargas : "Vous avez raison, maître, merci pour cette leçon."



Aristote : "Ne me remercie pas, remercie les astres ! Tiens, prend ces pièces et va nous cherchez un peu de vin chez Oinos"



Sargas : "J'y cours, maître"



Sargas revint avec du vin pour tous les disciples. Et ils restèrent encore un moment à contempler les étoiles.
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MessageSujet: chapitre 10 - La Morale   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:28

Par un rude
jour d’hiver, un disciple, qui avait atteint le terme de son
enseignement, vint trouver Aristote, avant de quitter le lycée.




Le disciple : "Cher maître, maintenant que je vais être livré à moi-même, il y a une chose que j’aimerais savoir."



Aristote : "Je t’écoute, brillant disciple."



Le disciple : "Vous m’avez remarquablement formé à l’art de la logique
et à la science métaphysique, mais vous ne m’avez rien dit quant à la
morale."



Aristote : "Tu dis vrai, mon ami. C’est en effet une lacune de mon enseignement. Que veux-tu savoir au juste ?"



Le disciple : "Il est important pour un homme, je le crois, de
savoir identifier le bien du mal, afin de se conformer aux règles qui
conduisent au premier, et qui permettent d’éviter le second."



Aristote : "Certes."



Le disciple : "Ce qui m’amène à cette question simple, maître, qu’est-ce que le bien ?"



Aristote : "C’est un problème tout à la fois vaste et d’une
simplicité limpide comme le cristal. Le bien, dans son principe, c’est
la perfection de la nature de l’objet, de sa substance."



Le disciple : "Mais pourquoi donc, cher maître ?"



Aristote : "Parce que le bien ultime réside dans le divin, sans nul
doute. Et pour identifier le bien, il suffit donc de s’attacher à
l’analyse de l’essence du divin. La substance du tout puissant étant
intelligibilité pure et parfaite, le bien ne peut être que perfection
de la substance, et donc de la nature d’une chose. Comprends-tu ?"



Le disciple : "Oui, cher maître, je comprends."



Aristote : "Je t’ai enseigné, cher disciple, que la nature d’une
chose réside dans sa destination, puisque le mouvement révèle la
substance de l’objet. Tu sais donc quelle est la nature de l’homme
n’est-ce pas ?"



Le disciple : "Certes, maître, la nature de l’homme est de vivre en collectivité, et cette collectivité prend le nom de cité."



Aristote : "Tout à fait. Le bien de l’homme, c’est à dire ce qui
tend à réaliser la perfection de sa propre nature, est donc une vie
vouée à assurer les conditions de l’harmonie au sein de la cité. Or, le
bien de la cité, est tout ce qui participe à son équilibre, puisque la
nature de la collectivité est de se perpétuer. Ainsi donc, tu peux le
constater, le bien de l’homme conduit au bien de la cité."



Le disciple : "C’est remarquable !"



Aristote : "En effet, ça l’est. Vois-tu, l’homme ne fait le bien qu’en s’intégrant pleinement à la cité, en participant à la politéïa, et en faisant tout son possible pour en maintenir l’harmonie."



Le disciple : "Alors, cher maître, l’homme de bien est donc le citoyen ?"



Aristote : "Je n’ai pas dit cela, cher disciple. Un esclave peut
être un homme de bien, s’il a conscience de sa propre nature d’homme,
et qu’il sait se satisfaire de sa condition, car ainsi il œuvre au
maintien de l’équilibre de la cité. La politéïa n’est pas que la participation aux assemblées."



Le disciple : "Et bien, cher maître, voilà des réponses qui me satisfont."



Aristote : "J’en suis heureux, mon ami."



Et sur ce, Aristote ne revit jamais
son disciple qui, selon la légende, vécut une existence exemplaire,
inspirée par les principes de la vertu.
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MessageSujet: Chapitre XI - Le songe   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:29

Un matin,
Aristote avait une mine préoccupée. Son fidèle Sargas, qui fréquentait
le lycée depuis des mois, vint à sa rencontre pour s’enquérir de son
sort. Le maître lui fit cette réponse…




Aristote : "Cette nuit, mon cher disciple, j’ai fait un rêve."



Sargas : "Ah oui, maître ? Racontez-moi."



Aristote : "Certes oui. J’ai songé qu’en orient existait une cité merveilleuse."



Sargas : "Quel genre de cité ?"



Aristote : "Une cité idéale, parfaite, où tous vivaient en une
fabuleuse harmonie. L’équilibre y était si solide que nul n’aurait pu
le rompre, pas même la venue d’un étranger comme je l’étais dans mon
imaginaire. J’y ai fait intrusion, y ait importé mes mœurs, que je
dirais à présent corrompues, mais j’y ai été accueilli comme un frère."



Sargas : "Quels étaient ses principes, maîtres ?"



Aristote : "Cette cité est organisée selon le principe de trois
cercles concentriques, ou trois classes de citoyens si tu préfères.



Je commencerai par te décrire ce qui constitue la plus basse de ces
classes, à savoir celle des producteurs, la classe d’airain. Ils
constituent la majorité, et vivent paisiblement de la culture de leurs
champs et de l’élevage de leurs bêtes. Ils prennent ce qui est
nécessaire à leur subsistance, et à celle de leurs familles, dans leur
propre production, et donnent le reste aux classes supérieures. Si ces
hommes constituent la base de la cité, leur sort est cependant
enviable. Ils connaissent les joies de la tranquillité, d’une existence
simple au service de la collectivité. Ils s’adonnent à l’activité
physique qu’exige un travail régulier, et qui maintient leur corps en
condition, meublent leur temps libre par la contemplation des choses de
la nature, par l’éducation des enfants que ces gens là placent en très
haute considération, et par la prière, adressant leurs louanges à Dieu
qui leur a donné les plaisirs dont ils sont bénéficiaires.



La seconde classe de citoyens, la classe d’argent, est celle des
gardiens, des soldats. Ceux là sont autorisés à l’oisiveté, et
profitent, en temps de paix, d’une subsistance gratuite qui leur est
fournie par les producteurs. Ils philosophent, admirent eux aussi les
bienfaits de la nature, s’instruisent quel que soit leur age,
s’entraînent au maniement des armes. En temps de guerre, ils se font
les plus fervents défenseurs de la cité. Leur courage n’a pas d’égal,
et ils donneraient leur vie, sans hésitation, pour la conservation de
la communauté, ou pour défendre leur foy qu’ils placent en très haute
estime. Et au retour des combats, ils sont accueillis comme des héros.
On dépose sur leurs têtes des couronnes de lauriers, on les traite
comme des princes, et de fabuleux festins sont tenus en leur honneur.
Ils sont portés en triomphe par le peuple, et aimés par les femmes.



La troisième classe de citoyens est celle des philosophes rois, la
classe d’or. Ceux là sont les plus anciens, recrutés parmi les gardiens
qui se sont montrés les plus braves, les plus aptes au commandement, et
les plus doués en matière de philosophie.
Leur seul bien est la raison, car ils sont délivrés de leurs
possessions terrestres. Leur foy en Dieu est leur seule arme. Ils
s’illustrent par la pratique des vertus de la manière la plus parfaite.
Ils sont un exemple pour tous, et le peuple est heureux de sacrifier un
peu de sa propriété pour assurer la survie de ses maîtres. Les
philosophes rois constituent le gouvernement de la cité. Ils décident
collégialement de ses destinées. Ils sont également les ministres du
culte rendu au Tout-Puissant, et là réside leur légitimité. On tient
leur pouvoir comme inspiré par le Très-Haut, de part leur condition de
prêtres. Ils organisent l’ensemble de la cité, planifient la
production, rendent la justice, et légifèrent."



Sargas : "Par ma foi, voilà une formidable cité que vous me décrivez."



Aristote : "Certes, c’est vrai. Et j’ai la conviction intime qu’elle doit exister, quelque part."



Sargas : "Croyez-vous, maître ? N’est-ce pas là un simple songe ?"



Aristote : "Non, je crois plutôt qu’il s’agit d’une prémonition. Et
je veux m’en assurer par moi même. J’ai fait mon temps ici, et de ta
condition de disciple, tu vas passer maître. Le lycée t’appartient."



Sargas : "Comment, maître ? Mais j’ai encore beaucoup à apprendre."



Aristote : "De moi, non, mon cher ami."



Et le maître, toujours aussi grave, laissa Sargas décontenancé, pour s’intéresser aux préparatifs de son voyage en orient…
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MessageSujet: Chapitre 12 - L'ermite   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:30

Aristote
cheminait en Attique alors qu'il avait rendu visite à un lointain
parent vivant à Thèbes. Il était seul, ayant laissé la responsabilité
de son école à ses meilleurs élèves. Mais à une bifurcation, il se
trompa de chemin et au lieu de redescendre vers la plaine et la ville,
il s'engagea dans les collines. Au bout de deux heures de marches, il
se rendit compte de son erreur et avisa une habitation isolée. Il
décida d'y aller demander conseil sur la route à suivre.



Au fur et à mesure qu'il s'approchait, il se rendit compte que ce
qui de loin passait pour une maison n'était une mauvaise cabane adossée
aux rochers, masquant grossièrement l'entrée d'une grotte.



Il frappa à la porte et héla, on vint lui ouvrir. L'homme, âgé,
était à peine vêtu, et seulement de haillons. Il était maigre et
hirsute.




Aristote : "Bonjour, vieil homme. Je me suis perdu et cherche le chemin de Mégare."



Ermite : "C'est si tu y vas, que tu seras perdu."



Aristote : "Je n'ai point souvenir que la ville ou les routes alentours soient à ce point peuplées de brigands."



Ermite : "Qui donc te parle de brigands. Elles sont peuplées d'humains. C'est déjà bien assez dangereux. "



Aristote comprit alors qu'il avait affaire à un ermite.



Aristote : "Dis-moi, es-tu heureux ?"



Ermite : "Si je suis heureux ? Et comment ! J'ai tout ce qu'il me faut
: l'eau de la rivière, des oliviers, un petit jardin. Et comme je ne
suis pas maladroit de mes mains, je fabrique ce dont j'ai besoin. Je
n'ai besoin de rien, ni de personne. Je suis parfaitement heureux."



Aristote : "Un homme ne peut pas se contenter d'une telle vie. Ou alors il n'est pas pleinement."



Ermite : "Balivernes ! Je suis le meilleur des hommes."



Aristote : "Comment le saurais-tu, toi qui ne connais pas les
autres ? Etre un humain, c'est vivre selon la vertu. Et la vertu est
une pratique qu'on ne peut exprimer qu'avec les autres. Tu vis bien
certes, mais tu ne pratiques aucune vertu puisqu'il n'y a personne avec
qui tu puisses la pratiquer. Tu vis comme un ours, indépendant. Mais
a-t-on vu un ours faire preuve de vertu ? Tu n'es pas un homme heureux
puisque tu n'es même pas un humain. Un humain a des amis, où sont les
tiens ?"



Ermite : "Mes amis sont la nature, mes oliviers, mes légumes."



Aristote : "Une véritable amitié se fait entre égaux. Tu es donc
l'égal d'un olivier : planté et immobile. Tu survis en marge de la Cité
au lieu d'y participer comme le fait tout véritable humain. Je vais
donc te laisser prendre racine, adieu !"



Et Aristote reprit sa route, descendant vers Mégare.
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MessageSujet: Chapitre 13 - La réception chez Polyphilos   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:32

Aristote avait
été invité à une réception chez un riche marchand athénien exerçant
également les fonctions d'archonte. Il s'appelait Polyphilos. C'était
un homme riche et puissant, passionné par la philosophie. Il venait
souvent écouter Aristote, aussi souvent que ses charges et son statut
le lui permettaient. Sa maison était pleine à craquer, et les tables
regorgeaient de victuailles.



Aristote tenait une coupe de vin qu'il venait de remplir au
cratère. Il prit une feuille de vigne farcie quand Polyphilos
s'approcha de lui.




Polyphilos : Aristote, cher maître. Comment trouvez-vous cette réception ?



Aristote : Je vous avoue que je préfère les plus petits comités, on ne
s'entend pas, ici. Mais votre maison est splendide et le banquet est
digne des plus grands rois.



Polyphilos : Merci pour ces compliments. Mais rien n'est trop beau pour mes amis et j'aime à les avoir tous autour de moi.



Aristote : Tous ces gens ici, sont donc vos amis ?



Polyphilos : Bien entendu. Nul n'entre ici qui ne soit mon ami.



Aristote : Je vois pourtant des gens de toutes extractions sociales et occupant diverses fonctions pour la Cité.



Polyphilos : Et alors ? Je ne suis pas hautain. Je laisse ça au nouveaux riches.



Aristote : Certes, c'est tout à votre honneur. Mais il ne peut
s'agir d'amitié véritable. Un vrai ami est un égal car l'amitié doit
être parfaitement réciproque et équitable. Si elle ne l'est pas, ce
n'est plus de l'amitié mais de l'intéressement. Un roi ne peut rien
attendre d'un mendiant, ce dernier est incapable de l'aider en cas de
besoin, or l'entraide est la base de l'amitié. Donc il n'y a pas
d'amitié possible entre personnes par trop inégales.



Le jeune fils de Polyphilos s'était approché.



Eumónos : Je le répète sans cesse à mon père. Ces gens ne sont pas ses amis et il doit prendre ses distances.



Aristote : Ce serait tomber dans l'excès inverse, jeune homme.
L'amitié est le plus grand bien de l'homme. Elle noue les liens des
communautés. Et les communautés forment à leur tour la Cité. L'amitié
permet les relations sociale et l'Humain peut alors prendre part dans
les affaires de la Cité. Et comme la vertu cardinale de l'homme est la
participation à la cité, l'amitié est une chose essentielle.



Eumónos : Mais comment trouver un parfait égal ?



Aristote : Ce n'est pas nécessaire. Il faut surtout que
l'intéressement ne soit pas trop prononcé dans le chef d'un des
prétendus amis. Le juste milieu, celui de la vertu, c'est de savoir
s'entourer d'amis véritables, de gens qui peuvent compter sur vous et
sur qui vous pouvez compter.



Polyphilos et Eumónos hochèrent la tête pour marquer leur accord. Aristote s'éloigna de quelques pas avant de se retourner.



Aristote : Ces feuilles de vigne sont délicieuses, aussi délicieuses que le conseil d'un ami, vous ne trouvez pas ?
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MessageSujet: chapitre 14 - le jeune philosophe   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:33

Aristote en était au soir de sa vie.
Sa réputation dépassait largement les mers qui bordent l'Ellade. Mais
le vieux maître aimait de plus en plus à se promener dans les campagnes
qui jouxtent Athènes. Un jour qu'il passait la porte ouest, il remarqua
un groupe de jeunes gens assis dans un jardin. L'un d'entre eux se
tenait sous un olivier, il semblait mener leur discussion. Si la
vieillesse avait émoussé le corps d'Aristote, son esprit et sa
curiosité étaient encore aussi affutés que la lame d'un couteau scythe.
Il s'approcha du groupe. Il s'aperçut alors qu'ils parlaient de
philosophie.




Un jeune : O Epikouros, parle-nous des Dieux.



Epikouros : Qu'est-ce qu'un Dieu, sinon un être parfait, et donc un
être parfaitement heureux. Et s'ils sont parfaits, ils sont
incorruptibles, donc leur bonheur est éternel. Aussi pourquoi les Dieux
se soucieraient-ils de nous ? Nous devons nous désintéresser des Dieux
car ils n'ont en retour aucun intérêt pour nos petites affaires.



Aristote : Quelles sottises !



Alors que tous se retournaient pour voir qui avait prononcé ces paroles, Aristote s'approcha, considéra une pierre et s'y assit.



Epikouros : Tu n'es pas d'accord avec ce que je viens de dire ?



Aristote : Comment le pourrais-je, puisque c'est faux ? Tu dis que
les Dieux sont parfaits, n'est-ce pas. Mais réfléchi à ce qu'est la
perfection. La perfection n'est pas seulement physique, elle est aussi
morale. Un Dieu doit forcément être parfaitement moral, donc vertueux,
donc bon.



Epikouros : Mais peut importe qu'il soit bon. Il est tellement parfait qu'il ne se soucie pas de nous.



Aristote : Que du contraire, sa perfection l'oblige à se préoccuper
de tout, sans cela, il lui manquerait quelque chose et il serait
imparfait. Et puis ,tu parles des Dieux, il n'en existe pourtant qu'un
seul. Comment un être parfait pourrait-il exister à côté d'un autre ?
De même, s'il est parfait, il est unique car toute perfection étrangère
à la sienne ne peut que lui être retranchée.



Epikouros : L'unicité ne peut engendre la multiplicité. Si ton être parfait existe, rien ne peut exister à côté.



Aristote : L'argument est beau, mais il est inutile car visiblement
nous existons, et de toute évidence Dieu existe. Je dirais même plus,
notre existence implique celle de Dieu. Tout effet a une cause.
L'existence elle-même doit avoir une cause, qui en a une elle-même...
Si on veut éviter la régression à l'infini, il faut postuler une cause
première. Or qui d'autre peut-être cette cause première sinon un être
tellement parfait qu'il ne peut avoir ni début ni fin ? Cette cause
première est la source de toutes les causes. Cette discussion,
d'ailleurs, a plusieurs causes.



Epikouros : Tu m'intrigues...



Aristote : Alors tu es moins borné que je le pensais. Ecoute bien
les autre causes de notre discussion. La cause matérielle, c'est toi,
car tu es là et tes propos ont provoqué cette discussion. Tu es la
matière première. La cause efficiente, c'est moi, car c'est moi qui
instille en toi un peu de sagesse. Je suis l'artiste. La cause
formelle, c'est la dialectique, que tu dois encore apprendre à
maîtriser. C'est la technique de l'art. Et la cause finale, c'est la
vérité qui s'implanter dans ton âme. C'est l'oeuvre terminée.



Aristote se leva alors que le jeune
philosophe ne trouvait rien à répondre. Il épousseta son chiton et
partit sans un mot. Arrivé à quelque distance, il leva les yeux vers le
ciel et prononça ces mots :




Ce jeune homme ira loin. Ses idées risquent de se propager rapidement.
Espérons que d'autres viendront qui poursuivront mon oeuvre et
traqueront ce genre de pensées.
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MessageSujet: Panégyrique 1 - De l'âme   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:43

De l'âme



Aristote en ces temps, logeait à
Athènes et avait installé son quartier général à l’Académie de la
bière, une auberge située dans la Plakathon, en plein cœur du quartier
égyptien (ç’était le cantonnement réservé aux étudiants, aux fêtards et
noctambules qu’on surnommait les gypsies)
C’est lors d’une de ces nuits spécialement agitée qu’il fît une
découverte qui secoua tout le milieu intellectuel de la citée durant
une bonne semaine.
Au milieu des clameurs habituelles dans la chaude moiteur de la
taverne, rompant les « c’est à boire, à boire …qu’il nous faut, hips »
proférés par un Paulodaure fin pété, son compère Mimilas monté sur une
table interpella l’assemblée




Mimilas : «éclaires-nous donc, Maître, sur ce qu’est notre âme »



Alors le sage Aristote s’adressa à ses compagnons en ces termes



Aristote : « Mes amis, il y a deux sortes d’âmes.

Tout être vivant possède une âme que je nommerais anima en ce qu’elle
est la puissance qui l’anime, mise en œuvre dans la formation de l’être
vers sa forme achevée. Etant le principe d’organisation du corps vivant
l’anima est inséparable de celui-ci. »


Mimilas : « on pourrait donc nommé anima, le schéma de fonctionnement
de la fourmi rouge ouvrière, par exemple, mais quelle serait l’autre
sorte d’âme ?»


Aristote : « en effet (et je te rappelle que la fourmi ouvrière rouge
est dite prolétaire), à contrario, l’animus, l’âme pensante, possède un
statut privilégié et il semble bien que ce soit là un genre d'âme tout
différent, et que seul il puisse être séparé du corps, comme l'éternel
du corruptible.»



Mimilas : «alors, étant éternel, l’animus serait donc conçu à la ressemblance de Dieu ? »



Aristote : « exactement, c’est l’anima qui fait que Paulodaure,
rentré de son champ de maïs, au lieu de prendre à droite vers son
logis, Bobona et les gosses choisit à gauche vers la taverne pour se
torcher à la boulasse avec les potes puis peu à peu rongé par
l’embonpoint, le remord et la cirrhose donne à Paulodaure cet aspect
adipeux, congestionné au seuil de la vieillesse.
Par contre ç’est l’animus de Paulodaure qui arrivera pur et intact (car
ayant peu servi) aux portes du Paradis dans l’attente de son
introduction …et là, devant cette chose informe qui possédait son
accomplissement en puissance, mais qui, laissée en friche est à classer
sur la même étagère que le bulbe de la mouette rieuse, qu’adviendra-il
?"


Alors un grand silence se fît, qui
contamina le dernier étage de l’Académie (là ou les chambrées
d’ordinaire, vibraient) interrompant tous les coïts puis l’air devint
électrique.

l’animus de chacun eût droit à sa minute de reflexion, songeant à son salut.

Mimilas se gratta la tête puis il dit consterné
"je craint bien que le saint videur ne lui refuse l'entrée !"
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MessageSujet: Pangégyrique 2 - De l'étant en tant qu'étant   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:45

De l'étant en tant qu'étant



Fendant la foule médusée, s’avança
alors l’adversaire le plus redoutable de tous les combattants de
l’esprit : Cratyle, le Philosophe Muet.
Il avait battu jadis le célèbre Héraclite sur son propre terrain car
lorsque celui-ci avait donné son argument décisif selon lequel


« on ne peut pas se baigner deux fois dans le même fleuve »

Cratyle avait dit :

« on ne peut même pas le faire une seule fois et nul ne peut énoncer
aucune vérité sur ce qui change partout et en tout sens c’est pourquoi,
à compter de ce jour jamais plus je ne m’exprimerai par les mots et sur
aucune chose»


Suivi de son entraîneur, Cratyle
s’épongea le front s’installa face au prophète et se conformant à sa
légende il commença à remuer le doigt en tous sens signifiant par là


« je ne puis rien dire d’intelligible sur ce monde en perpétuel changement »

administrant à son adversaire un redoutable direct du pouce.

Une grande rumeur agita l’assistance qui avait apprécié l’efficacité de l’assaut



Mais le Péripatéticien, toujours très mobile savait esquiver, protégeant sa garde il répliqua :


« c’est en regardant le monde et non en se détournant de celui-ci que
l’on trouve la vérité, ne voir que le mouvement est ignorer la
substance première c’est-à-dire l’étant qui se maintient quelque soit
le changement »


Cratyle, déstabilisé se demandait
bien ou son rival voulait en venir et commençait à ressentir des
tensions métacarpiennes, il dressa le majeur, repliant les autres
doigts



Le prophète, profitant de son avantage, enchaina :


«si nous reprenons l’exemple de Paulodaure, dont le corps ravagé
par ses séjours prolongés en taverne est plus souvent observable à
quatre pattes donc à la ressemblance du quadrupède voire rampant tel un
reptile, chacun s’accorde à dire qu’il est bipède : c’est sa forme, sa
substance première même si elle n’est que virtuelle (en puissance et
non en acte) »


Cratyle comprenait trop bien, suant d’angoisse, pour se rafraîchir, il agita sa main en éventail



Aristote reprit
« ainsi et de même, si bon nombre d’êtres
humains subissent des altérations tamagoshistes ou bisounoursesques ils
restent néanmoins et malgré les apparences des êtres pensants »

puis le sage porta le coup ultime «
toi-même le philosophe Muet qui n’émet aucun son, nous savons tous ici
même que la cause finale qui détermine ton être, le moteur du monde,
t’a donné la forme d’une vrai pipelette en vérité. C’est ton étant en
tant qu’étant et sur lequel tu ne puis rien changer car la Parole est
le cadeau que le Très-Haut fît à l’espèce humaine»


L’estocade finale avait mis
l’adversaire K.O. : son pouce retomba inerte vers le sol, rendant ce
geste à la postérité comme signifiant
« le combat est perdu »

alors la foule en liesse porta le prophète vainqueur en triomphe (soulageant ainsi ses jambes qu'il avait faibles, dit-on)
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MessageSujet: panégyrique 3 - La copie des idées   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:46

Le lendemain, tandis que le
Péripatéticien avait repris ses exercices quotidiens et préparait un
discours sur 400 mètres, Xénocrate « le lourdingue » vint le trouver .

Ce même Xénocrate connu pour ses aphorismes tels que « le cerveau
a des capacités tellement étonnantes qu'aujourd'hui pratiquement tout
le monde en à un » ou bien «l’alcool rend l’eau potable» ou encore «
une tonne pèse au moins cent kilos surtout si elle est lourde »,
s’adressa au prophète en ces termes :


« le maître a fort apprécié ta performance face à Cratyle, il souhaite que tu le rejoignes au Q.G. afin de te féliciter»

Une convocation de Platon ne s’évite ni ne se diffère ! murmura le prophète dans un sourire.



Au gymnase, comme à l’accoutumée bourdonnait une nuée de disciples
autour du grand maître Platon himself, l’enveloppant de sa gluante et
canine sollicitude. Celui-ci d’un sourcil levé, soudain imposa le
silence.

Alors, se leva Platon au large front : 1 mètre quatre vingt
treize, 95 Kg, bouffi d’orgueil. Il prit Aristote par le bras en une
clé parfaitement verrouillée et entreprit la plus illustre joute
oratoire de tous les temps.




Premier round – Platon au service : de la copie des idées



Platon : « le Cratyle a du doigté, si je puis dire et sa harangue est
juste en apparence car les êtres en constant devenir qui courent vers
leur destruction méritent à peine le nom d’êtres.

Jeune, j’étais timide et pourvu d’une voix grêle tonitrua le géant extraverti, alors si je ne peux répondre à la question qui suis-je de façon permanente ? ne dois-je pas me poser aussi la question suis-je ? n’est-il pas mes bons amis ? »

« assurément » entonna en chœur antique tout le fan club réuni.



Platon :« toutefois, quand une chose change, il faut bien en elle
quelque chose qui demeure, sinon elle ne changerait pas, elle serait
radicalement autre, pas vrai les p’tits gars ? »

« à qui le dites vous ! mon bon Maître » susurra la compagnie des lécheurs de sandales



Xénocrate : «ben ouais, si ce n’est toi ç’est donc ton frère, mais
si çà s’rait toi ton frère, ta belle-sœur serait ta femme et tes
enfants leurs propres cousins … ça le fait pas !» dit Xénocrate se grattant la tête.



Platon : « et si on lui remettait sa muselière, les gars, plutôt que lui jeter des cacahuètes comme des malsains ?»

« tu l’as dit bouffi » clamèrent les affidés suceurs platoniques



Platon : «j’ajouterais que quand on observe ces êtres changeants on
découvre qu’ils reproduisent dans la même espèce des caractères
constants qui se transmettent d’individu à individu, transcendant les
générations et qui sont des copies de modèles universels, immuables,
éternels que je nommerai idées. Assurément dans mille sept cent ans, je
vous promets nombre de Xénocrates dans la population humaine destinés à
divertir leurs contemporains »

« un peu, mon neveu ! » ricanèrent les béats en extase



Platon : « Du reste, n’avons nous pas toujours une conscience vague
de ces archétypes, de ces idées, parce que notre âme qui a existé avant
nous et passera dans d’autres corps après nous les a aperçu dans un
autre monde ? »

« dans le mille Emile! » gloussèrent les vautrés aux pieds du Magister



Platon : « Ainsi, voilà pourquoi tous les vivants ont par nature
l’intuition de cette ressemblance qui leur fait reconnaître tout ce qui
est de même genre et qui fait que l’escargot, malgré la difficulté ne
sélectionne pas la limace pour copuler, sans parler du choix du
porc-épic ! »

les disciples sans voix se roulèrent en boule dans le transport du ravissement.



Platon : «compagnons, chacun de vous connaît le mythe de la
dissidence : le jeune provincial initié aux arts de la Cité devient le
meilleur élève alors, accompli, il mordille les doigts qu’il a léché.
Je te laisse la parole, Aristote !»

Aristote : «Dieu m’est témoin que j’aime la main de Platon, mais j’aime plus encore sucer la vérité» répliqua le prophète.

L’auditoire retenait son souffle et tous les organismes fonctionnaient en apnée




( à suivre… : l’essence des choses est dans les choses mêmes)
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MessageSujet: Panégyrique 4 - l'essence des choses   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:47

IV De l’essence des choses



Aristote : « Ta thèse, mon bon maître, aussi brillante soit-elle n’est
que pure vue de l’esprit, ainsi les choses ne sauraient venir des
idées, dire que ce sont des exemplaires et que les autres choses en
participent, c'est prononcer de vains mots et filer des métaphores
poétiques»


L’assistance gênée et le regard aux
cieux braqua son attention sur l’ange lourd de catapultes qui passait
par là et chacun y allait mentalement de son analyse balistique

Aristote se mît alors à tourner autour de sa victime en cercles concentriques dans le sens de l’ombre du gnomon




Aristote : « constatant que les idées sont presque en aussi grand
nombre que les choses pour l'explication desquelles on a eu recours aux
idées, et bien, oserais-je le dire ? le procédé est plus que fumeux, si
je puis me permettre.

Tout comme Paulodaure ivre-mort doit fermer un œil afin ne pas
voir double, il faut lutter contre le vertige que procure ton discours
et la multiplication sans fin des idées dans le grand fourre-tout
universel ! »



Bien que l’auditoire fut acquis au
maître, les rumeurs circulaient déjà sur l’aspect in the moove du
discours péripatéticien tandis qu’Aristote fondait sur sa proie




Aristote :«Tu prétends que l’âme passe de corps en corps sans en être
dépendante. Comment alors peut-elle être altérée par l’organisme ? car
lorsque le même Paulodaure accuse huit grammes d’alcool pur dans le
sang , sauf ton respect, son âme n’est plus si belle à voir »


Les murmures s’amplifièrent «très tendance l’Aristote »… « moi aussi je kiffe graave »



Aristote : « ainsi d’après toi, l’idée de l’être humain est le type
idéal que reproduisent plus ou moins parfaitement tous les hommes et
toutes les femmes mais bon.. soyons sérieux : ce modèle est si abstrait
que Diogène se moquant le cherche en vain dans les rues d’Athènes, en
plein jour une lampe à la main ! »
le prophète se fendit d’un sourire dévastateur :« sacré gégène ! »



alors l’auguste Diogène, le complice
de toujours écartant l’assemblée rejoint Aristote. Travesti en femme et
fardé il jeta un poulet plumé aux pieds de Platon puis il chanta d’une
voix suraiguë
« redis-le, Maître que l’humain est un volatile sans plumes»



la foule complice gloussa précipitant la déroute platonicienne

« comment ils ruinent l’ancien, trop over hipe ! »



Aristote tenant l’épaule de Platon et dans des sanglots de rire parvint à dire :




« essaies de comprendre mon vieux, la substance des choses, l’essence
des êtres, se trouvent en eux-mêmes et la forme ne peut se manifester
sans la matière c’est ainsi que lorsque notre âme aura rejoins le
Très-Haut elle s’incarnera pour l’éternité ne t’en déplaise, sans
remettre son mandat dans d’incessants tours de manège terrestres »



quelques uns parmi les plus branchés
des athéniens s’agglutinaient déjà autour du prophète afin de
recueillir son opinion sur la nouvelle mode du port du khitôn à la
place du classique péplos et savoir si la fashion cothurne détrônerait
bientôt la sandale.
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MessageSujet: chapitre 1   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:48

Des évènements extraordinaires, moi, Collagène de Mégare, aide de camp
dans l’Armée d’Alexandre, je puis affirmer que j’en fus témoin si
souvent durant trente ans de campagnes militaires que bien peu de
choses m’étonnent, ç’est bien pourquoi la bleusaille me surnomme le
Diogène des phalanges.

Mais quand notre jeune prince décida de partir en quête des ruines
de la Citée mythique d’Oanylone sur les seuls conseils de ce vieux fou
de philosophe simplement parce que ce dernier l’avait vu en songe,
j’étouffais un cri d’effroi, caché derrière une colonne avec
Callisthène, neveu du sage qui lui même se prit, d’étonnement les
orteils dans les franges d’un tapis persan murmurant « j’aurai ta peau
Darius ! » …Tout était dit.

C’est ainsi que nous partîmes, quarante mille soldats à la
poursuite d’un songe un matin de printemps, tendus comme un arc vers
l’orient.



L’Hellespont franchi, Alexandre, nourri des récits d’Homère dont
Aristote lui avait farci l’esprit, partit sur le champ se recueillir
dans les ruines de Troie.

Le soleil couchant allumait ses ors sur les vestiges moussus de
gigantesques remparts et une étrange quiétude pénétrait les lieux.

Tandis que le prince cherchait dans l’ombre des stèles saillantes
d’Ilion la Grande une trace du héros qui berça son enfance,
littéralement sur les talons d’Achille, le philosophe accompagné de son
neveu et moi-même fûmes attirés par une mélopée étouffée brisant le
silence.

Dans un cercle de pierres, quelques humains se tenaient dressés comme des roches levées,

pétrifiés par la Pythie dont le chant défiait la raison. A notre
approche, le prêtre interprète sembla s’éveiller d’un songe puis nous
accueillit en ces termes : « étrangers, depuis des jours, l’oracle nous
annonce votre venue, formulez la question qui vous tourmente et Dieu,
par la bouche d’Oenoné daignera nous éclairer »
puis il tendit à l’oracle de l’eau et des feuilles de laurier à mâcher.

Les participants portaient tous, au cou la même amulette faite de trois métaux

LIvre 2 -  Aristote et Christos Cercledarisyc2

Ce fût un Aristote troublé qui alors prît la parole : quel est le but ultime de ma quête ?



Oenoné, dans le crépuscule reprit son chant fou et hyper-aigu « entre en transe entre anses denses, danse en transcendance »

que dit-elle ? s’enquit Callisthène. Rien, elle s’échauffe

Mais peu à peu l’énigmatique logorrhée devint intelligible :

« trois, deux, un, retrouvez l’origine

Troane, est atteint, troisième demeure des fils

sont près de Daisane les enfants du premier

enfin, là ou gît le premier né Oane,

sois l’élu qui sera le héraut du Très-Haut »

l’inter-prêtre hocha la tête longuement observa Aristote avec un effarement empreint de déférence puis il traduit :

Ton périple commence ici en Troanne, la troisième Cité des fils d’Oane,
Plus loin vers l’orient cherche Daisane, là, se trouve la seconde clé
du voyage dont le dessein, plus à l’est encore, est Oanylone cité du
premier humain au regard de Dieu lors tu deviendras le messager divin.

La nuit fût passée à se perdre en conjectures sur l’énigmatique
message et l’identité de cet Oane qui avait imprégné jusqu’à la
construction de la plupart des langages du monde connu.

Les étranges adeptes rencontrés aux ruines ne nous quittaient plus et s’abandonnaient en prières autour de notre campement.

Ces révélations nous remuaient encore le lendemain, lorsque,
réglant quelques affaires courantes nous affrontions Arsitès, le
général Perse.
L’issue de cette guerre de représailles bascula à notre avantage quand
Aristote suggéra au prince d’attendre pour l’assaut final que le soleil
fût dans notre dos. Les Perses, éblouis par le soleil qui se trouvait
désormais en face d'eux, distinguant mal leurs adversaires, perdirent
l'avantage de la position. Dès lors, les Macédoniens, forçant la ligne
triomphaient.
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MessageSujet: chapitre 2 - La Grande bibliothèque d'Angora   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:51

II. La grande bibliothèque d’Angora



Nous avions reprit la route vers Gordion et, derrière les armées sur
quatre colonnes soulevant la poussière, derrière l’étendard de
l’ouragos, cheminaient désormais des pèlerins ralliés à la quête
d’Aristote qu’ils nommaient l’Esprit.
Au cri de rassemblement « Dieu est avec noos » leur file s’allongeait
de jour en jour, grossie du clan des Wilusa et de la tribu des Lukkas
de Lycie.


Dans le berceau du roi Midas, le grand Alexandre, adepte des
dénouements à l’épée força la prédiction et le jour suivant, nous
atteignions Angora soumise sans combat sous la condition, que l’armée
ne pénètre pas la citadelle.

Passée l’enceinte des murailles, percées de quatre portes
monumentales, la haute ville se dressait couronnée du palais royal et
au pied de la nécropole la raison de notre venue en ces lieux : la
grande bibliothèque car, attachée aux sandales d’Aristote, Oenoné nous
avait divulgué l’existence d’un fragment de manuscrit qui se trouvait
ici, révélant le périple du peuple originel.

Derrière les colonnes de bronze de la galerie, l’ambiance enfumée
et en proie à l’agitation la plus vive ne laissait pas de surprendre.

Dans la salle de lecture des arts divinatoires nous fûmes témoins des pratiques les plus insolites :

un devin penché sur une coupelle déchiffrait son destin au fil des
volutes d’un marc de café gêné par son voisin, nécromancien qui
consultait notre futur à travers une configuration d’os violemment
jetés sur un lutrin tandis qu’un aruspice parcourais un avenir
incertain dans les entrailles du poulet, gisant sur le pupitre. Penchés
au dessus de la dépouille du volatile Callisthène et moi scrutions un
aveu viscéral quand Aristote d’une clef experte nous arracha à cette
douteuse contemplation.
Au cœur de la pièce la plus sombre du Muséion, parmi les archives
poussiéreuses : bestiaires fabuleux, tablettes d’argiles, grimoires,
gros volumes, opuscules se trouvait la fameuse cédule.

Le philosophe, fébrile s’en empara et il nous lut :




Citation:
«
Le peuple du premier-né, dans son exil s’est déplacé d’est en ouest,
aligné sur la course du soleil. Lorsqu’il parvint sur un plateau
fertile, défendu par les contreforts d’une chaîne de montagne, une
vingtaine de ruisseaux l’arrosaient ainsi qu’une rivière
Il est écrit transmettez à vos fils : fatigués d’errer depuis des
lustres ils établirent leur camp en ce lieu mais alors le ciel
s’obscurcit soudain puis un éclair déchira les ténèbres en deux et la
Voix leur dit :

humain de peu de foi, choisis entre trois fléaux des eaux, du feu
et des sauterelles celui par lequel, toujours tu seras éprouvé par
Dieu.

Alors le peuple montrant le flot tumultueux qu’il nomma Daisan
décida d’être secoué par ce malheur pour que jamais l’homme n’oublie de
craindre le Très-Haut.
Interroge ton père et il t’instruira, demande à tes ancêtres et ils te raconteront.

Et pour qui écrirait-il, celui qui écrit ? Alors transmettons quelque
peu de notre punition par nos écrits, à l’intention de ceux qui
viennent après nous... Peut-être eux-mêmes craindront-ils et seront-ils
ébranlés ? »



Ainsi, comme les chroniques le
mentionnaient, Daisan était le nom de cet affluent de l’Euphrate autour
duquel le peuple avait fondé la ville d’Urhai.
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MessageSujet: Chapitre 3 - La tribu d'Habram   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:52

III. La Tribu d’Habram



En chemin vers Urhaï, les cohortes de soldats et d’adeptes mêlées mues
par la grande quête et semblables au panache incandescent d’un astre en
perdition allumaient l’horizon.

Dès lors le philosophe, résigné et soumis au dessein du Très-Haut,
avait revêtu les oripeaux sublimes du prophète et en acceptait les
charges.
Quant à son neveu et votre serviteur, nous étions devenus sa garde rapprochée.



En contrebas des pentes arides du Taurus, avertis de l’arrivée
d’Aristote, le peuple d’Urhaï, dans des barques fleuries était venus le
cueillir, il termina son périple voguant sur les flots émeraude du
Daysan.
Les chaotiques soubresauts de la rivière berçaient tant Callisthène
qu’il ne vit jamais les rives colorées et les signes de bienvenue des
habitants aux abords de la cité mais seulement le fond humide de la
coque sculptée par ses ongles.

Glissant au pied de la forteresse je fus surpris de voir les
larges bassins dans lesquels officiaient des prêtres pour le moins
pervers qui enfonçaient la tête de leurs frères dans l’eau et, le
croirez-vous ? les suppliciés s’engloutissaient, comblés d’aise.

Le plus étrange fût de voir Aristote, humblement, se porter
volontaire pour endurer la même torture, d’abord je crût qu’il voulait
se rafraîchir car la chaleur et l’humidité était intense mais il avait
vraiment perdu la tête.

Le prêtre ému jusqu’aux larmes s’adressa à son Dieu comme si ç’était la première fois :



«Dieu tout puissant accepte ton enfant qui fait le choix
d’abandonner la fatalité d’une vie animale, et consent qu’il renaisse
librement engendré d’En-Haut »



La chronologie de ce qui se passa ensuite reste confuse mais sachez
que les énormes poissons du bassin entourèrent les deux hommes,
plongeant, tournant, sautant dans le plus grand chaos, alors tous les
habitants tombèrent à genoux car il s’agissait des carpes sacrées.


Plus tard, on nous enseigna que, nées du miracle qui avait fait jaillir
la fontaine vive Callirhoé du bassin et sauvé leur ancêtre Habram
lorsque Nemorod l’avait précipité dans un brasier ardent du haut de la
citadelle, les carpes, depuis la nuit des temps frayaient dans cette
eau miraculeuse et préservée.

Et puis soudain, les poissons rompant leur danse désordonnée
formèrent un cercle parfait, aussi parfait que la course des astres
autour du coeur de la création.

Les descendants d’Habram et l’armée macédonienne tombèrent dans
les bras les uns des autres à la vue de ce prodige, les soldats
pleuraient
«edessa», «frères, nous sommes liés»

Quand les effusions s’estompèrent, le grand prêtre dit «nous allons
partager avec vous notre secret car ç’est ce par quoi les frères se
reconnaissent » marchons vers Harran ou réside le grand sage de la
tribu.



Dans le grand temple d’Harran, le vieux sage à la barbe drue
semblait attendre ses hôtes. Tous les yeux étincelaient dans leur creux
d’orbite quand il lança sa révélation.


Citation:
«
Voici des temps immémoriaux, lorsque le peuple du Très-Haut s’enfuit de
la Cité originelle, Dieu qui eût pitié de nos aïeux dans leur exode
offrît la pierre d’Oane à la Tribu d’Ânani Mhour mais l’écriture de la
tablette était désormais devenue étrangère à tous les yeux.
A ceux qui décidèrent de suivre le soleil dans sa course, et afin
qu’ils n’oublient pas leur pacte avec lui, Dieu leur fît don du
bouclier d’alliance. Du disque façonné de trois métaux, l’airain
l’argent et l’or, la légende raconte que seul, le Messager divin que la
raison guide vers Dieu pourra découvrir la prophétie inscrite au centre
du disque car l’or y est si pur que tout humain devient aveugle dans la
tentative de découvrir le texte ».



Le prophète s'épongea discrètement le front murmurant :



"On dit qu'Homère était aveugle, le dira-t'on aussi d'Aristote ?"





Après de nombreux jours passés en prières et festivités, il fût temps
de reprendre la quête. Des liens étroits avaient été noués entre les
Uraïtes et les soldats. D’ailleurs, nombre de conscrits jurèrent de
revenir goûter ici au repos du guerrier.



Les damnés de l’astre lunaire purent alors distinguer de leur
position géostationnaire le large cortège ininterrompu des humains, en
marche vers la prophétie.
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MessageSujet: chapitre 1   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 12:59

Le siège d'Aornos - Chapitre Ier



Moi, Epistène, face à cette statue de
marbre immortalisant d'une main d'Alexandre nichée en celle d'Aristote
l'amitié liant les deux hommes, présent du disciple à son précepteur,
qui, le découvrant, ne pu réprimer une larme venue maculer l'objet, je
me souviens...


Je me souviens de ce temps ou je fus attaché au service du très Grand
Alexandre le troisième, et veut témoigner, au crépuscule de ma vie, des
évènements fabuleux dont je fus tantôt le témoin, alors que l’armée
macédonienne atteignait Nicae et les rives du Cophen, au-delà des monts
Paraponisades. Nul d’entre nous ne connaissait les contrées reculées et
mystérieuses que nous abordions. Alexandre et moi aimions à converser
des mémoires de Ctésias, ou des écrits d’Hérodote, qui constituaient
tout ce qu’on pouvait en savoir.


Les conditions de notre périple étaient désespérément mauvaises. Les
soldats étaient éreintés par la chaleur et l’atmosphère insalubre.
L’humidité s’immisçait partout, la crasse formait des plaques jaunâtres
sur les visages contrits des combattants, et la moindre écorchure
s’infectait aussitôt. L’eau potable venait à manquer, tout comme la
nourriture qui pourrissait en quelques jours. Certains furent pris de
fièvres mortifères qui faisaient couler leurs humeurs à grands flots
par tous les orifices, et les laissaient pour mort. L’infortuné
contingent devait progresser sur des chemins indignes de ce nom, rendus
à l’état de bourbiers par les pluies diluviennes qui s’abattaient,
comme une fatalité, à la fin de chaque jour.


Et enfin, par un beau matin, nous atteignîmes la cité d’Aornos, refuge
du peuple Assacène, que notre bon roi tenait pour ennemi. Quatre
immenses tours d’argent formaient les angles d’un complexe de
fortifications, qui protégeaient une ville singulière dans sa
disposition. La cité était bâtie sur une colline. A son sommet, on
pouvait distinguer ce qui devait être un temple, surmonté d’une sorte
de minaret flamboyant d’or et de pierres précieuses, qui surplombait,
accrochés à flanc de relief, la ville proprement dite.



Alexandre fit une inspection minutieuse de ses troupes, puis tint
un discours fort captivant sur l’abnégation à la cause publique, pour
remonter leur moral. Il fit ensuite réunir ses généraux pour débattre
de la stratégie à tenir. L’état-major fut d’accord pour qu’un siège fut
organisé, et Alexandre fit cette remarque pleine de bon sens : « On va
tout de même leur balancer quelques boulets pour leur faire savoir
qu’on est là. Qu’on fasse installer les catapultes ! ». Et ainsi il fut
fait selon la volonté du souverain.



La première salve fit réagir de façon bien particulière nos
ennemis. Nous vîmes venir dans notre direction une troupe de trois
cavaliers, qui constituait une délégation Assacène. L’un d’eux se
dirigea droit vers Aristote, précepteur de toujours d’Alexandre, homme
d’une incroyable sagesse, et dont depuis ces événements je crois en la
sainteté. Il jeta un regard fixe à notre philosophe, puit tint cet
étonnant discours : « Nous t’attendions, viens. Le grand Manitou du
serpent cosmique a prophétisé ta venue ». Puis, il s’adressa à
Alexandre en des termes tout aussi consternants : « Souverain de
Macédoine, tu pourras détruire Aornos très bientôt, mais avant nous
devons accomplir le Grand Dessein, et montrer à Aristote notre cité et
ses rouages. Dès qu’il sera de retour du pourra donner l’assaut ».
Alexandre fit part de sa méfiance, redoutant un piège, mais Aristote
lui causa en ces termes : « Si je ne satisfais pas ma curiosité, je ne
pourrais mourir en paix ».



Alexandre : « Mais si tu y vas-tu mourras plus vite ».



Aristote : « Si je n’y vais pas, je mourrais plus tard, mais bien
pire que mourir, je mourrais insatisfait. Dans les deux cas je suis
mort ».



Alexandre : « A toi de voir ».



Voilà qui n’était pas sans soulever la mienne, de curiosité, et je
demandais discrètement à mon roi si je pouvais suivre le philosophe
dans sa visite, ce qu’il accepta. Les Assacènes en firent autan
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MessageSujet: chapitre 2   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 13:04

Le siège d'Aornos - Chapitre II



La cité d’Aornos était une singulière mécanique sociale. Notre hôte
Assacène nous commentait la visite, pendant que nous progressions vers
le sommet de la colline. Et à mesure que nous avancions, je voyais le
visage d’Aristote se transformer, comme si tout lui était soudainement
familier. A chaque intervention de notre guide, le philosophe répondait
d’un air entendu, avec circonspection.



Alors que nous traversions un sombre dédale de ruelles où chaque
recoin, chaque ombre était la scène d’une rapine, d’une agression, d’un
acte de violence, où les ribaudes se pressaient dans des contorsions
obscènes et des positions lascives pour aguicher les passants,
l’Assacène dit qu’il s’agissait là de la zone D, celle où l’on plaçait
tous les rebus de la cité, et ceux qui ne respectaient pas ses règles.
Je me hasardais à la question suivante : « Mais pourquoi ne pas les
bannir ? ». Notre guide me répondit que le manitou ne le souhaitait
pas, parce que selon les propres termes de ce qui devait être leur
souverain: « nous dépeuplerions notre cité ». Aussi faut-il préciser
que les Assacènes enlevaient aux mères de la zone D leurs nouveaux-nés,
pour les placer dans des élevages. Aristote fit ce commentaire : « Je
ne vois ici que vice et misère sordide ».



Alors que nous progressions au travers d’une extraordinaire
étendues de cultures diverses, maïs, blé, orge, disposées en multiples
paliers, d’élevages grouillants de cochons et de vaches, et où l’on
pouvait distinguer quelques paysans squelettiques, arrassés d'un
travail d'esclave et souffrant de famine, l’Assacène dit qu’il
s’agissait là de la zone C, celle où vivait la caste des cultivateurs.
Je me hasardais à la question suivante : « Mais pourquoi sont-ils
faméliques, vos cultivateurs ? ». Notre guide me répondit que la caste
supérieure vivait dans l’opulence, et que la production était
insuffisante pour assurer la subsistance de la classe laborieuse. Mais
aussi faut-il préciser que le manitou refusait aux agriculteurs le
droit de s’installer extra muros, où ils auraient pu bénéficier de plus
grands espaces pour un meilleur rendement, parce que, toujours selon
ses termes, « les cultivateurs doivent être très étroitement contrôlés
pour éviter les actes déviants ». Aristote fit ce commentaire : « C’est
absurde ».



Alors que nous dûmes cheminer au travers d’un quartier cossu
abritant des bâtisses grandioses, dédiées aux héros militaires
victorieux, et accueillant une intense activité qu’il fallait qualifier
de futile, où les uns allaient et les autres venaient, sans but aucun,
l’Assacène dit qu’il s’agissait là de la zone B, demeure de la caste
des citoyens-soldats. Je remarquais qu’un grand nombre d’autochtones
portaient de petits miroirs de cuivre pendus à leurs cous, et
s’arrêtaient souvent de longues minutes pour entrer en contemplation
devant leur propre reflet. Je me hasardais à la question suivante : «
Mais que font tous ces gens qui semblent tirer tel plaisir à regarder
leur image ? ». Notre guide me répondit que les soldats n’avaient point
guerroyé depuis des années, et qu’à force de n’avoir autre chose à
faire qu’admirer les choses de la nature, ils en viennent à s’admirer
eux-mêmes, et à vivre dans une scandaleuse débauche de stupre et de
luxe. Mais aussi faut-il préciser que le manitou interdisait aux
soldats de s’entraîner en temps de paix, ou même de porter les armes,
parce que, encore selon ses termes: « il ne faut pas risquer que
l’armée puisse un jour se retourner contre nous ». Aristote fit ce
commentaire : « C’est grotesque ».



Alors que nous traversions ce qui semblait être une sorte de
cloître dédié aux affaires les plus importantes de la cité, où
promenaient de ventripotents magistrats, arborant des panoplies
complètes d'éclatantes pièces de joaillerie, et donnant leurs consignes
à des compagnies de négociants, de banquiers, de porteurs, affluant de
toutes parts, l’Assacène dit qu’il s’agissait là du cénacle, ou zone A,
où se réunissaient les philosophes-rois qui constituaient le
gouvernement de la cité. Je me hasardais à la question suivante : «
Mais votre gouvernement n’est-il qu’une question d’écus, pour que tout
ici soit en rapport avec le marché ? ». Notre guide me répondit que
toutes les questions de politique avaient été abandonnées, et qu’on ne
s’intéressait plus qu’à l’économie. Mais aussi faut-il préciser que le
manitou avait affirmé que le but de la cité devait être d’amasser des
richesses, pour, selon ses propres termes: « se prévenir des lendemains
qui déchantent ». Et Aristote fit ce commentaire : « C’est affligeant
».



Et enfin nous parvînmes au sommet de la colline, faisant face au temple du manitou.
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MessageSujet: Chapitre 3   LIvre 2 -  Aristote et Christos Icon_minitimeLun 7 Avr - 13:04

Le siège d'Aornos - Chapitre III



Le temple du manitou du serpent cosmique était un édifice imposant,
dont l’architecture ne tolérait aucune fioriture. Le décorum était
d’une simplicité extrême, et se limitait à quelques bas reliefs
représentant des épisodes de la vie du serpent cosmique, divinité
Assacène. Seul le dôme du temple tranchait avec l’austérité de
l’ensemble, chargé qu’il était de pierres précieuses, et tapissé de
feuilles d’or. Nous pénétrâmes dans la bâtisse, emboîtant le pas de
notre guide, qui nous conduisit à une sorte de guichet, tenu par ce qui
semblait être des moines. Ceux-ci nous interrogèrent sur nos identités,
nos adresses, nos situations familiales, nos revenus, nos filiations,
et plusieurs heures plus tard, nous fûmes enfin autorisés à rencontrer
le manitou.



Le manitou du serpent cosmique était un personnage singulier. Nous
nous attendions à rencontrer un souverain, splendide dans sa majesté,
mais c’est un homme dépourvu de charisme qui nous faisait face. Le
manitou était petit, maigre, d’un age plutôt avancé, et portait une
ridicule petite moustache. Il nous accueillit froidement en ces termes
: « Les étrangers ne sont d’habitude pas bienvenus ici, mais pour vous
nous faisons une exception, puisque vous êtes acteurs de la prophétie
». Je brûlais de lui poser la question, mais c’est Aristote qui le fit
avant moi : « Mais de quelle prophétie parlez-vous donc ? ». Le manitou
lui répondit qu’il avait vu en rêve qu’Aornos serait détruite par des
armées venues d’occident, mais qu’un philosophe du nom d’Aristote
devait d’abord visiter la cité pour en perpétuer la mémoire dans ses
écrits. Aristote affirma que jamais il n’userait de son précieux temps
pour écrire deux lignes sur Aornos, « plutôt crever, ou mieux,
qu’Aornos sombre dans un total oubli ». Le manitou fut atterré par les
paroles du philosophe : « Ah, non, non, non ! Ca non, nous ne pouvons
pas être oubliés, enfin ! Nous sommes l’idéal politique ». Aristote
pouffa : « Pouah ! Vous plaisantez ? Un idéal, une vaste blague oui :
je ne vois ici que péché.



Je ne vois que luxure des hordes d’égarés vautrés dans les abus
obscènes des choses de la chair, qui conduisent à l’irrémédiable
contamination de l’âme, devenant alors comme un noir paysage peuplé de
phantasmes où les corps se mêlent dans des positions indicibles. Ces
damnés vont et viennent dans un sinistre ballet, en quête de nouvelles
expériences sordides, pour calmer leur appétit féroce qui ne fait
qu’aller grandissant. Plus rien n’a d’importance, sinon la satisfaction
de leurs bas penchants, et bientôt, les obsessions deviennent si fortes
qu’ils sombrent lentement dans une folie noire.



Je ne vois que colère, que des pauvres bougres qui s’abandonnent à
leurs penchants primitifs pour lever la voix ou le gourdin contre leurs
frères, que des sinistres maraudeurs qui jouissent de la violence de
leurs actes malfaisants. Ceux-là, bientôt poussés par leurs pulsions
bestiales, ou leurs tendances à la perversité, se repaissent de chair
humaine et boivent le sang de leurs victimes, avant de semer la mort,
puis de s’oublier à jamais dans une orgie de viscères et d’humeurs
répandues.



Je ne vois qu’avarice de ceux qui prétendent commander mais qui ne
font qu’exploiter, méprisant des intérêts les plus fondamentaux de
leurs sujets, de ceux qui se complaisent dans leur petit confort,
méconnaissant des besoins vitaux de leurs frères laborieux, et qui
refusent une miche de pain aux bouches affamées. Ceux-là, en vérité,
font preuve d’un tel égoïsme, que toute leur substance converge vers un
même point central de leur organisme, et qu’ils deviennent ainsi tout
rabougris, bossus, et tordus par l’œuvre du temps.



Je ne vois que gourmandise, et extraordinaire opulence des
citoyens, qui sont gras d’abuser des choses de la table, rosés de boire
trop de vin, et nonchalants de leurs excès de sommeil. Ceux-là verront
bientôt leurs langues couvertes de pustules immondes, et gonfleront
comme des baudruches, pour ensuite éclater tels des fruits murs
dispersant ainsi leurs pauvres chairs aux quatre vents.



Je ne vois qu’orgueil et fatuité des citoyens, qui se réjouissent
de la contemplation de leur propre image, et qui se persuadent de vivre
dans la perfection physique, morale et politique. Ceux-là deviendront
les plus laids, les plus difformes d’entre tous à mesure qu’ils
vieilliront ; ils finiront fous de désespoir d’être rendus à l'état de
monstruosités rampantes, larves visqueuses qui n’ont plus rien
d’humain.



Je ne vois qu’envie des uns pour les choses des autres, ceux d’en
bas voulant posséder autant que ceux d’en haut, tels se pourléchant de
ce qu’ils pourraient encore tirer de leur prochain, et la
chrématistique se faisant l’instrument de ce système pernicieux.
Ceux-là aiment trop posséder et posséder autrui, et à se croire trop
libres de désirer, ils en deviennent esclaves de leurs désirs, soumis
aux moindres aléas de la fortune : leur vie devient un enfer, une quête
effrénée et impossible d’un nombre toujours plus grand de choses
terrestres.



Et enfin, je ne vois qu’acédie, le pire de tous les vices, s’il en
est un, car voilà des citoyens qui au nom d’une obscure prophétie se
laissent aller à la contemplation absurde de ce qu’il croient être leur
destinée, à savoir disparaître sous les coups du glaive d’Alexandre,
des citoyens qui au lieu d’agir, regardent béatement et passivement,
des citoyens qui ignorent que l’action est le produit de l’héroïsme, le
plus noble véhicule des vertus. Ceux-là, en vérité, ne méritent plus le
nom de citoyens, et donc ne méritent plus le nom d’homme, ils sont des
légumes ! »



Et Aristote se tût. Le manitou fit des yeux ronds, quant à moi je
ne savais que dire après une telle tirade. Le temps fut suspendu, puis
le souverain eut soudain une réaction violente. Aristote et moi fûmes
expulsés d’Aornos, après avoir été copieusement insultés par le petit
roi, qui entrait dans une colère hystérique.

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